A la suite de la publication de notre analyse « Un Plan de Déplacements Urbains à la hauteur de l’urgence climatique », nous vous proposons d’échanger sur cette proposition mais aussi plus largement sur un futur plan de mobilité pour Toulouse en remplacement du PDU annulé. La question des déplacements est trop centrale dans nos vies pour qu’elle ne fasse pas l’objet d’un débat public. C’est pourquoi nous ouvrons à nouveau cet espace de dialogue, en espérant qu’il en fera naître d’autres à la suite, pour que Toulouse amorce enfin la révolution des mobilités que la crise environnementale exige.
La soirée débat aura lieu en ligne sur Google Meet le jeudi 7 octobre à 20h30. Vous pouvez nous contacter pour recevoir l’invitation par email ou utiliser ce lien pour l’ajouter à votre calendrier. Voici le lien à utiliser le soir même.
Le communiqué de presse
Le collectif des Faiseurs de Ville propose un nouveau PDU à la hauteur de l’urgence climatique
Alors que le GIEC et l’ONU ont appelé ces dernières semaines à prendre des actions urgentes pour réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre (GES), Toulouse Métropole n’a toujours pas proposé d’alternative au Plan de Déplacements Urbains (PDU) annulé début 2021. Ce plan prévoyait une augmentation de 9% des émissions liées aux transports dans la grande agglomération toulousaine en contradiction avec le Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) de Toulouse Métropole qui fixe de son côté l’objectif de diminuer les émissions des transports individuels de 44% d’ici 2030. Rappelons que le déplacements de véhicules légers représentent le 1er secteur d’émissions sur la Métropole (35% du total).
Le collectif des Faiseurs de Ville a donc voulu comprendre si cet objectif était atteignable dans le délai imparti et analyser les différents leviers d’actions disponibles : renouvellement du parc automobile, voitures électriques, démobilité et télétravail, 3ème ligne de métro, densification du réseau de bus, RER toulousain, covoiturage, autopartage, développement de la marche et du vélo. En développant un modèle mathématique simple se basant sur les habitudes de déplacements des toulousains (résultats de l’Enquête Ménage Déplacements 2013), nous avons pu quantifier les émissions liées au déploiement et à l’usage de chaque mode de transport et définir un scénario de décarbonation des déplacements à l’horizon 2030 aligné sur les objectifs de la loi pour la transition énergétique.
L’analyse détaillée est sourcée est disponible sur notre site web. Il ressort de cette étude quelques éléments essentiels :
- Pour atteindre l’objectif de -44%, l’ensemble des solutions disponibles doivent être actionnées pour faire diminuer le nombre de déplacements en voiture. Il n’est pas question de supprimer totalement la voiture de la ville mais d’y substituer une solution alternative plus propre chaque fois que c’est possible. Le potentiel est important quand on sait que 56% des déplacements en voiture font moins de 5 kilomètres et que le nombre moyen d’occupants n’est que de 1.34 personne par véhicule. Dans le scénario proposé, le nombre de déplacements quotidiens en véhicule motorisé passe de 2 280 000 à 1 493 000, soit une baisse de 30% et leur part modale passe de 60% à 40%.
- Les émissions liées à la construction de la 3ème ligne de métro ou à la fabrication de nouveaux véhicules ne peuvent pas être négligées dans le calcul car elles peuvent annuler totalement l’effet de réduction des émissions liées à leur usage à l’horizon 2030. Dans ce contexte et comparée aux autres solutions, la 3ème ligne de métro présente un bilan financier et surtout environnemental très négatif par rapport à sa capacité de report modal. Ce constat devrait inciter la collectivité à reconsidérer sa mise en œuvre (phasage ou report).
- A contrario, le vélo et l’autopartage sont des solutions très efficaces dont le fort potentiel de réduction des émissions est trop négligé aujourd’hui. Ils doivent faire l’objet de plans beaucoup plus ambitieux et d’un développement accéléré pour financer et mettre en œuvre les infrastructures adaptées. Dans le scénario proposé, la part modale des déplacements à vélo passe de 2,2% à 15%. et 40% des déplacements en voiture font appel à l’autopartage.
- Enfin, on constate que la marge de manœuvre est étroite pour atteindre l’objectif de -44% d’ici 8 ans. C’est un défi majeur dont l’ampleur ne doit pas être sous-estimée. La réussite passera par une impulsion forte de la collectivité, la mobilisation de moyens humains et financiers et une transformation rapide de la ville. Surtout, il faudra obtenir l’adhésion massive des habitants en mettant en avant l’amélioration de la qualité de vie qui peut en découler. En effet, outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le plan proposé permet de réduire la pollution sonore et atmosphérique, de diminuer le nombre total de véhicules en ville, de réallouer des espaces de stationnement à d’autres usages (végétalisation, pistes cyclables, espaces d’agrément, …).
Les Faiseurs de Ville sont pleinement conscients du côté technique de cette étude dont le contenu n’est pas forcément accessible à tous. Ils sont cependant convaincus de l’importance d’informer les plus largement les habitants sur ce sujet qui touche leur vie quotidienne et de les associer à la définition d’un nouveau plan de déplacements pour garantir l’évolution souhaitée des comportements de mobilité. A cet effet, la publication de ce document est accompagnée de la diffusion sur les réseaux sociaux d’une courte vidéo de synthèse de l’étude invitant à réfléchir aux enjeux et à participer à un débat public qui se tiendra en ligne le jeudi 7 octobre. La vidéo est visible ici :
Par ailleurs, le collectif appelle Toulouse Métropole à mettre en place une Convention Citoyenne des Mobilités composée d’élus, d’agents de la collectivité, de représentants d’associations d’usagers et d’organismes publics (AUAT, Tisséo, ATMO) et de citoyens volontaires et/ou tirés au sort pour accompagner la rédaction du nouveau PDU de l’agglomération.
C’est ainsi que nous pourrons relever collectivement le défi du dérèglement climatique et faire de Toulouse une ville exemplaire dans le domaine environnemental.