Des passerelles pour  rejoindre l’île du Ramier Quel bilan carbone ?


La passerelle Empalot, située sur la rive droite de l’île du Ramier – Thomas LAVIGNE architecte de l’agence LAVIGNE CHERON



La passerelle Rapas, située rive gauche – EIFFAGE-INGEROP-GRIMSHAW-PPA-ATP

Le projet

En ce début Janvier, la mairie de Toulouse a annoncé la construction des deux premières des  quatre passerelles qui enjamberont la Garonne pour rejoindre l’île du Ramier  [1] [2] [3] . Elles seront dédiées aux modes de transport doux (marche, vélo, trottinette, …).

Dans le cadre du Parc Garonne, la destruction du Parc des Expositions libère une nouvelle emprise de 7 ha sur l’île du Ramier qui aboutira  à un nouveau “Coeur de Parc” [4]. 

Nous tentons ci-après d’évaluer le gain carbone en termes de captation de CO2 du “Coeur de Parc en comparaison de l’impact carbone de la construction des quatre passerelles. Nous écartons de cette étude l’éco-parc de la Poudrerie qui ne crée pas de nouvelle surfaces naturelles et  mettons de côté les coûts carbone de la destruction du Parc des Expositions et la création du MEET en périphérie de Toulouse. Nous nous concentrons sur les émissions de gaz à effet de serre et n’intégrons également les autres bénéfices liés à la présence d’un espace de nature en ville  tels que les bénéfices  psychologiques pour les habitants, la filtration de la pollution, le développement de la biodiversité ou la lutte contre les îlots de chaleur. 

Le “Coeur de Parc” 

  • 7ha de parc urbain, mélange de prairies entretenues et d’arbres. 
  • 1 ha de parc urbain conduit en moyenne  à 312 teqCO2 séquestrées chaque année. Pour modéliser la captation de carbone, on retient les hypothèses formulées par Guillaume Bruyat en 2011 [5], qui avance que les parcs de la Tête d’Or et de Parilly stockent respectivement 79 et 91 t C/ha. Pour formuler un chiffre, nous retenons la séquestration moyenne de 85 t C/ha, soit 312 tCO2/ha (1 tCO2 équivaut à 0,272 – 12/44 – tonne de carbone).
  • Le “Coeur de Parc” séquestre donc 2187 teqCO2/an

Les passerelles 

  • Elles sont au nombre de 4 entre 145 m et 160 m de long.
  • Elles sont métalliques, haubanées à partir d’un ou deux pylônes en béton
  • Pour cette étude nous retiendrons pour la passerelle
    • un longueur moyenne de 150 m
    • une largeur de 5 m
    • une épaisseur de 0,15m. Il s’agit probablement d’une plaque sur une structure par poutrelles. On reporte les haubans dans l’épaisseur sur la totalité de la longueur pour le calcul
  • La passerelle fait donc 112,5 m3 d’acier. Sans connaître la nature de cet acier, nous faisons l’hypothèse d’un acier standard avec une masse volumique de de 7t/m3. La passerelle ferait donc 787,5 t d’acier. Selon l’ADEME [6], 1 kg d’acier produit 2,31kg de CO2 ce qui nous amène à 1 820 teqCO2 pour la partie métallique de la passerelle.
  • Si l’on regarde maintenant le pylône en béton. Selon les vues forunies par les  architectes, nous faisons l’hypothèse d’un pylône de 5mx5mx25m soit 625m3 de béton. Avec, selon l’ADEME [7],  398 kg de CO2  sont produits par m3 de béton soit 249 t eq. de CO2 par pylône de béton. 
  • Au total, la construction de chaque  passerelle représente  2069 teq C02

Les déplacements évités

Il est difficile de quantifier le nombre de déplacements en voiture qui pourront être évités grâce à ces passerelles mais il nous a semblé intéressant de proposer une évaluation permettant de comprendre les ordres de grandeur.

  • Si on estime que ces 4 passerelles inciteront 1000 personnes chaque jour à délaisser la voiture au profit de la marche ou du vélo pour un trajet moyen de 5 km aller-retour
  • Cela représente donc 2000 déplacements et 10000 km en tout
  • Si on considère un facteur d’émission de 120g eq CO2 pour une voiture
  • On évite alors l’émission annuelle de 438 teq C0

Conclusion

Au final l’impact carbone lié à la construction d’une passerelle est donc compensé en une année par le “Coeur de Parc”, soit moins de quatre ans pour les quatre passerelles qui seront construites à terme si on intègre aussi les déplacements évités. Cela sans compter les autres bénéfices liés au parc pour la qualité de vie des habitants, la résilience face au réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité. 


Références : 

  1. La Dépêche 03/02/2022 : https://www.ladepeche.fr/2022/02/02/toulouse-2-passerelles-sur-la-garonne-pour-relier-lile-du-ramier-a-pied-a-velo-en-2024-10084545.php
  2. La Dépêche 05/02/2022 :  : https://www.ladepeche.fr/2022/02/05/les-passerelles-pour-relier-lile-du-ramier-a-pied-et-a-velo-10090627.php
  3. France Bleue 02/02/2022 : https://www.francebleu.fr/infos/environnement/passerelle-du-ramier-1643808575 
  4. Ile du Ramier,Toulouse Métropole : https://www.toulouse-metropole.fr/projets/grand-parc-garonne/ile-du-ramier
  5. Gazette des Communes,  Stocker du carbone en plantant des arbres en ville: https://www.lagazettedescommunes.com/178381/stocker-du-carbone-en-plantant-des-arbres-en-ville/ 
  6. https://bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?autres_metaux.htm
  7. https://bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?ciments___chaux___platres__bet.htm

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